La mine d’or de East Sullivan près de Val-d’Or, au Québec. Avec l’aimable autorisation de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)

En 1950, le président élu de l’ICM, A.O. Dufresne, remettait la médaille de la bravoure au Père Titus Wiktor de Val-d’Or, au Québec. Comme on le lisait dans le bulletin de l’ICM de l’époque, « cette cérémonie particulière est plus importante que d’habitude cette année, car la médaille est attribuée à titre posthume, pour un acte de bravoure exceptionnel ». M. Wiktor a reçu la médaille au nom de son compatriote Watsik Koltan, qui s’est vaillamment sacrifié pour sauver la vie de ses collègues mineurs dans un accident qui s’est produit à la mine East Sullivan à Val-d’Or, au Québec.

M. Koltan, que l’on appelait également Waclaw, a grandi en Pologne pendant les années tumultueuses du début du XXesiècle. En 1939, il a combattu pour son pays dans la Seconde Guerre mondiale et a été fait prisonnier par les Russes pendant plusieurs mois. Il a plus tard été capturé par les Allemands et détenu de 1943 à 1945.

Sans doute dans l’espoir d’un nouveau départ, il a immigré au Canada et est arrivé en Nouvelle-Écosse à la fin de l’année 1948. Il faisait partie des quelque 64 000 réfugiés polonais qui ont immigré au Canada entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 1956, et l’un des centaines de réfugiés venus travailler dans les mines de la région de l’Abitibi.

Les sociétés minières de la région manquaient de travailleurs, car nombre de locaux étaient réticents à travailler sous terre. Les sociétés envoyaient alors des représentants dans les camps de réfugiés des pays d’Europe, notamment la Pologne, offrant à ces personnes la possibilité d’une vie nouvelle au Canada, à la condition qu’ils acceptent de s’engager pour un contrat d’un an dans des mines de la région. M. Koltan, comme beaucoup d’autres, est parti de Halifax pour Val-d’Or et a commencé à travailler à la mine East Sullivan au printemps 1949.

Le mercredi 27 juillet, une équipe de six personnes, dont M. Koltan, Lucien Doucet, Clément Gagnon, Maurice Boucher et deux autres hommes, descendait de bon matin dans la mine. Les hommes avaient atteint une profondeur d’environ 450 pieds (135 mètres environ), quand, vers 11 heures 30, MM. Koltan et Boucher ont buté contre une roche leur bloquant le passage.

À peine M. Boucher avait-il allumé un bâton de dynamite pour détruire l’obstacle qu’une avalanche de roches s’est effondrée et l’a enseveli. M. Koltan n’a pas été blessé par l’effondrement des roches mais, alors qu’il partait chercher de l’aide, il a constaté que la mèche du bâton de dynamite était encore allumée. Conscient qu’il ne pourrait pas arrêter l’explosif, il a attrapé le bâton de dynamite et s’est éloigné du groupe en courant.

Quelques secondes plus tard, la dynamite explosait. Le choc de l’explosion a assommé les quatre mineurs. Les hommes s’en sont sortis avec des égratignures, mais sans blessures graves. Ils ont tenté d’évacuer M. Boucher, enseveli sous les roches, et ont réussi à le ramener à la surface, mais ce dernier est décédé de ses blessures peu de temps après.

Suivant cette explosion, la mine a fermé ses portes pour quelques jours, bien que l’explosion ait été mineure et n’ait pas provoqué d’incendie sous terre. Les hommes ont essayé de se remémorer la scène sous terre et ont vite compris qu’ils devaient leur vie au sacrifice de M. Koltan. À Val-d’Or, 50 hommes et femmes immigrés ont participé à ses obsèques, célébrant sa vie et son sacrifice.

Des articles dédiés à son acte altruiste ont également été publiés dans des journaux tels que La Gazette du Nord, Le Devoir, The Ottawa Citizen et d’autres quotidiens. Les nouvelles sont arrivées jusqu’au comité d’attribution des prix Dow, composé des rédacteurs des plus grands quotidiens, qui ont été si bouleversés par cet acte qu’ils lui ont attribué à titre posthume le prix Dow, décerné pour des actes héroïques de bravoure.Traduit par Karen Rolland

Cette histoire montrait à l'origine une photo de la mine Sullivan à Val D'Or, qui est distincte de la mine East Sullivan. Nous nous excusons pour l'erreur.