Plusieurs dignitaires ont pris part à la cérémonie d’inauguration du projet, notamment (de gauche à droite) : le Premier ministre de l’Ontario Doug Ford, le président du conseil d’administration d’Iamgold Don Charter, le ministre Greg Rickford, le ministre John Yakabuski, le président et chef de la direction d’Iamgold Gord Stothart et le Premier ministre du Canada Justin Trudeau. Photo: Adam Scotti/PMO

Le 11 septembre 2020, l’enthousiasme était flagrant et naturel au projet Côté Gold, près de Gogama dans le nord de l’Ontario. De fait, le chef Chad Boissoneau de la Première Nation Mattagami, le chef Murray Ray de la Première Nation Flying Post, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau, le Premier ministre de l’Ontario Doug Ford et d’autres dignitaires se sont joints au président et chef de la direction

d’Iamgold Gord Stothart à l’occasion de la cérémonie d’inauguration du projet.

D’une valeur de 1,7 milliard de dollars, ce projet est détenu à 70 % par Iamgold et à 30 % par la société japonaise Sumitomo Metal Mining. La phase de construction devrait aboutir à la création de plus de 1 000 postes, et l’exploitation à ciel ouvert emploiera quelque 450 personnes à temps plein dès que la production commerciale totale sera atteinte, d’ici la fin du premier semestre 2024. L’exploitation contribuera par ailleurs au PIB de l’Ontario au cours des 18 années à venir à hauteur de 10 milliards de dollars. Côté Gold sera aussi la première exploitation à ciel ouvert en Ontario (parmi la poignée d’exploitations de ce type sur le territoire canadien) à être équipée de systèmes de transport et de forage autonomes. De plus, le projet a été conçu en gardant à l’esprit le respect total de l’environnement, des travailleurs et des communautés locales. Une initiative de collaboration avec les Premières Nations de la région est d’ailleurs prévue, afin de surveiller et d’atténuer les répercussions socio-économiques du projet sur tout le cycle de vie de la mine.

En quelques mots, la cérémonie d’inauguration a marqué le commencement de la construction d’une mine novatrice et intelligente du futur, le genre de projets qui étaient auparavant l’apanage des grandes sociétés minières. Aujourd’hui, c’est Iamgold, une société minière de taille intermédiaire, qui cons­truit ce projet au cœur du territoire minier du Canada.

Transport et forage autonomes

La construction a commencé en août 2020. D’ici le troisième trimestre 2023, un parc de camions de transport autonomes Caterpillar et des foreuses autonomes Epiroc entameront l’extraction du minerai au gisement archéen à fort tonnage et à faible teneur de Côté Gold, et le stockage en pile du minerai. Quelques mois plus tard, lorsque le concentrateur sera terminé et mis en service, Iamgold estime qu’elle pourra récupérer environ 92 % d’or du minerai extrait, tout en traitant 36 000 tonnes par jour.

« Les données économiques de Côté sont bonnes », indiquait M. Stothart, « mais il est incontestable que la technologie autonome les améliore ».

Pour la majeure partie, cette amélioration est le fruit des rendements des quelque 20 camions et 6 foreuses autonomes qui seront utilisés à la mine. Cependant, la tâche ardue et complexe liée à la conception et au développement d’une mine en ayant à l’esprit l’intégration de systèmes autonomes aide l’équipe de Côté Gold à concevoir et à construire une mine bien plus rentable, indiquait Mathew Wilson, directeur de mine à Iamgold.

Il expliquait que les véhicules autonomes seront utilisés dans des zones spécialement créées à cet effet. Autant que faire se peut, les travailleurs et les véhicules classiques seront exclus de ces zones, et les employés devant y pénétrer recevront une formation et un équipement spéciaux leur permettant de travailler en toute sécurité dans ces périmètres. Par ailleurs, les camions autonomes seront équipés de systèmes de détection capables de repérer les personnes et les véhicules non autonomes.

« Si un véhicule non identifié circule dans une zone d’exploitation autonome et qu’un camion le reconnaît par l’intermédiaire de ses systèmes de détection, il ralentira dans un premier temps, puis s’arrêtera. Une fois à l’arrêt, par effet de cascade, tous les camions reliés au système ralentiront et s’arrêteront », expliquait M. Wilson. « Les répercussions sur le rendement sont considérables, aussi faut-il être très clair quant à l’organisation de l’infrastructure, de manière à éviter ces situations. »

Il en va de même pour les foreuses autonomes. « Avant d’opter pour les foreuses autonomes, il est bon que les zones d’exploitation qui leur sont réservées soient clairement démarquées et organisées », indiquait M. Wilson. « Cela demande un peu plus de travail, mais si la zone est parfaitement adaptée à la foreuse, son rendement sera optimal. D’une certaine manière, on a adapté l’organisation et la conception de notre mine, mais ceci requiert une certaine discipline, qui confère efficacité et sûreté. »

La technologie autonome dépend également d’une solide infrastructure de communication et d’une salle de contrôle. Là aussi, les avantages sont nombreux, et permettent particulièrement de créer une équipe bien intégrée, expliquait M. Wilson. « Les conducteurs de camions et les opérateurs de foreuses sont désormais dans les bureaux, et non plus sur le terrain. Nos salles de contrôle sont conçues de manière à constituer une plateforme unique pour toutes les activités », déclarait-il. « Ceci signifie que tous les constructeurs de systèmes autonomes, les contrôleurs, les expéditeurs, les planificateurs et le personnel exploitant travailleront côte à côte, ce qui favorise une bonne interaction et intégration. Le procédé de conception des flux opérationnels et des facteurs humains de l’exploitation dans la salle de contrôle s’est avéré très intéressant. C’est une [situation] unique résultant de la présence de machines et d’activités automatisées. Les zones d’exploitation autonomes nous permet­tent non seulement de fonctionner tout en garantissant la sécurité des personnes et de l’équipement, mais aussi d’accroître le rendement. »

L’infrastructure de communication de Côté Gold ouvrira des perspectives d’avenir, qu’il s’agisse de créer une réplique de la salle de contrôle hors du site et de diriger la mine à distance, ou d’adopter de nouvelles technologies d’intelligence artificielle (IA).

« Les possibilités que nous entrevoyons ne s’arrêtent pas à ce que nous faisons actuellement », précisait M. Wilson. « Chaque machine que nous achetons, chaque système que nous mettons en œuvre nous permet de recueillir une grande quantité de données, ainsi que de contrôler et de prendre des décisions sur la base de ces données. Le résultat sera extrêmement puissant. Les perspectives sont extraordinaires. »

Construire une mine pour l’avenir

« Si l’on prévoit d’exploiter un trésor tel qu’un corps minéralisé, il faut s’y prendre de la manière la plus responsable possible », indiquait M. Stothart. « À partir de la richesse générée par le biais de l’activité économique liée à l’exploitation de la mine, nous devons trouver un moyen de continuer à attribuer de la valeur dans la communauté et l’environnement bien après la fermeture de la mine. »

Pour y parvenir à Côté Gold, « nous avons étudié chaque détail et élément qui doit être envisagé en termes des répercussions du projet sur l’environnement, les communautés, la santé et la sécurité de nos travailleurs », déclarait Philippe Gaultier, vice-président des projets de développement à Iamgold.

Du point de vue de l’environnement, le projet a rencontré une difficulté majeure. De fait, le gisement se trouve dans la même région que son homonyme, le lac Côté, relié à la rivière Mollie, à Clam Creek et à une multitude de petits lacs et étangs. « Le projet se trouvant sur la ligne de partage des eaux, on peut imaginer qu’une goutte d’eau qui se dépose dans le lac Côté se déversera inévitablement dans les Grands Lacs ou dans la baie d’Hudson », indiquait M. Gaultier. « Ces lacs faisaient partie des difficultés qu’ont rencontrées nos ingénieurs, à savoir comment construire la mine en minimisant l’incidence sur eux. »

Le lac Côté sera asséché pour développer la mine, mais Iamgold construira un nouveau lac d’une superficie corres­pondante. « Le développement comprendra un réalignement du canal, délibérément construit de manière à intégrer les meilleures pratiques en matière d’habitat des poissons et de frai », indiquait M. Gaultier. « Ce développement était un élément essentiel du processus d’approbation et d’attribution des permis environnementaux. Pour cet aspect du développement du projet, Iamgold ainsi que les gouvernements provinciaux et fédéral ont mené de longues consultations avec toutes les parties prenantes, tout particulièrement avec les Premières Nations et les communautés Métis affectées par le projet. »

Une cérémonie de l’eau a été organisée le 28 septembre 2019 par les femmes de la Première Nation Mattagami pour reconnaître le sacrifice à venir de l’esprit du lac Côté.

.Les employés de Côté Gold ont passé l’été à attraper les poissons du lac Côté. Les projets de mise en service de la mine comprennent notamment l’assèchement du lac existant (pour éviter la contamination de tout le bassin hydrographique) et la construction d’un nouveau lac à proximité, où seront transférés les poissons. Avec l’aimable autorisation d’Iamgold

Depuis l’été, l’équipe de Côté Gold attrape les poissons du lac pour les répertorier et les transférer dans d’autres lacs. Fin octobre, les membres de l’équipe avaient relocalisé plus de 300 000 poissons. « Ce programme se poursuivra au printemps et à l’été prochains », indiquait M. Gaultier. « Ce n’est pas un processus très complexe, mais il prend du temps. »

« Les diverses composantes de l’écosystème, par exemple les plantes aquatiques et les invertébrés, les petits poissons et les poissons prédateurs, plus gros, seront transportés dans l’habitat récemment créé pour stimuler l’écosystème aquatique. Cet aspect de la réhabilitation a été pris en compte dans le déroulement de la construction afin de réduire le temps nécessaire à la création du nouvel écosystème », ajoutait-il.

« L’habitat prévu dans le projet de création d’un lac similaire avait pour objet de reproduire les conditions existantes et d’inclure la diversité de l’habitat, notamment des bancs, des piscines profondes et des flux, ainsi qu’une variété de structures pour le couvert, le frai et l’hivernage. Cet habitat sera adapté aux principales espèces dominantes que l’on a trouvées autour du site, et facilitera les connexions avec le bassin hydrographique. »

David Brown, directeur de l’environnement et des relations avec les communautés à Côté Gold, expliquait que même les plus petits résidants du lac existant trouveront un nouvel habitat.

« En ce qui concerne les micro-orga­nismes, l’eau [sera] pompée de sources voisines conformément aux réglementations. Ces micro-organismes peupleront le nouveau lac par le biais de l’eau pompée et/ou du flux naturel. »

En gardant à l’esprit les répercussions sur l’environnement, l’équipe a également revu sa première conception de l’usine de traitement afin de réduire l’empreinte environnementale de 40 %. « Nous avons pu reconfigurer nos bâtiments de criblage et de broyage, et restreindre le broyage à sec à des endroits plus centralisés », précisait M. Gaultier. « Nous avons aussi pu éli­miner deux convoyeurs sur le nombre total prévu. Notre équipe a fait preuve d’une grande ingéniosité et s’est creusé la tête pendant de longues heures pour déterminer comment améliorer le processus et réduire l’empreinte, tout en rendant la mine plus exploitable. »

Les projets de développement de la mine comprennent la construction de zones où seront utilisés des tombereaux autonomes Caterpillar et des foreuses autonomes Epiroc (ces zones seront interdites d’accès à la plupart du personnel). Avec l’aimable autorisation d'Iamgold

Une bonne dose de matière grise a été mobilisée pour contenir la poussière dans l’usine. « Nous avons pu équiper tous les convoyeurs de protections anti-poussière pour nous assurer que, lorsqu’ils sont à l’extérieur, ils ne sont pas soumis au vent ou aux autres éléments qui peuvent déplacer de la poussière », indiquait M. Gaultier. « Nous avons recouvert nos piles de stockage de minerai d’un véritable dôme physique de manière à ce qu’elles soient enfermées. C’est la technique de captage de la poussière la plus sophistiquée que j’aie développé pour un projet ces dix dernières années. »

Ce système protégera également de l’exposition à la poussière les employés travaillant à proximité de l’équipement. En gardant à l’esprit la santé et le confort des travailleurs, Côté Gold souhaite construire le bâtiment de l’usine comme une coque fermée d’ici le premier trimestre 2022. « Cela sera fait avant l’installation de la tuyauterie interne, de la tôlerie et de l’équipement », indiquait M. Gaultier. « Cette décision a été prise afin que les employés travaillent dans les meilleures conditions possible, loin de la chaleur estivale et des mouches du chevreuil. Il était indispensable de sceller ce bâtiment hermétiquement dès que possible. »

Tout aussi important pour le projet, la société a établi une collaboration avec les Premières Nations Mattagami et Flying Post pour élaborer un plan de gestion et de suivi socio-économique du projet, collaboration qui se poursuivra sur l’intégralité du cycle de vie de la mine.

« Cela ressemble à la surveillance de l’environnement. De fait, on surveille des indicateurs clés à différents points du procédé », déclarait Krista Maydew, directrice des relations avec les communautés à Iamgold. « On peut voir si certaines choses sont surveillées d’une manière différente de ce que les communautés et nous-même préconisons. Dans le passé, les rapports se faisaient souvent en sens unique. »

Les communautés des Premières Nations et Iamgold ont collaboré pour mettre au point le plan et identifier les indicateurs clés à surveiller, notamment la population, le logement, l’emploi et les perspectives économiques, ainsi que la santé. Elles continueront à se rencontrer régulièrement afin de suivre les données et de partager leurs observations. Cela permettra de procéder à des ajustements et des modifications dès que nécessaire, car le plan de gestion est considéré comme un document évolutif.

« De mon point de vue, le plan dont nous disposons est unique car nous parvenons à établir un dialogue et une collaboration. Du point de vue des communautés, c’est également positif », indiquait Mme Maydew.

Si cette approche collaborative englobant le cycle de vie intégral de la mine est nouvelle, Iamgold la considère comme une solution d’avenir, même pour les exploitations minières plus petites. La société considère du même œil la transition vers la technologie autonome, qui constitue selon elle un moyen de se préparer à ce que lui réserve l’avenir.

« Nous souhaitons construire la mine du futur, et non pas la même mine que l’on a construite il y a 30 ans lorsque j’ai commencé ma carrière », indiquait M. Stothart. « Cela peut s’avérer complexe pour de petites sociétés comme la nôtre, mais nous recevons incontestablement beaucoup d’aide de la part de nos fournisseurs, et les membres de notre équipe ont visité pratiquement toutes les installations autonomes du monde. Grâce à cette technologie extraordinaire, nous rejoignons une nouvelle communauté. »

Traduit par Karen Rolland