Trevali a hérité de chantiers souterrains importants à la mine Caribou et a poursuivi les aménagements souterrains sur 3,5 kilomètres. Avec l'aimable autorisation de Trevali Mining
Alors que l’offre à l’échelle mondiale se resserre, le calendrier de la production commerciale à la mine de zinc Caribou de Trevali Mining pourrait donner le dynamisme nécessaire à ce projet du nord du Nouveau-Brunswick.
Au fil des ans, la mine souterraine de zinc, plomb, argent, cuivre et or a connu plusieurs périodes d’interruption et est passée entre les mains de diverses sociétés. Cette fois-ci pourtant, Trevali, une société basée à Vancouver, est convaincue que l’exploitation va remonter la pente étant donné le prix et les indicateurs de base du marché du zinc, en partie responsables du déclin de la mine durant ses années sous la direction d’autres propriétaires. Cette marchandise se vendait à environ 0,67 $ US/livre à la mi-janvier, mais la fermeture de plusieurs mines et la déplétion des stocks devraient rapidement stimuler les ventes. « La thèse émise pour le zinc est que les ventes pourraient rapidement augmenter à mesure que la fermeture des mines et les pénuries dans les entrepôts se font sentir », indiquait Steve Stakiw, vice-président des relations avec les investisseurs et des communications dans l’entreprise chez Trevali.
L’exploitation minière à Caribou a commencé en 1970 dans une mine à ciel ouvert. Tom DiNardo
Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle la société semble être sur la voie ascendante. Lorsqu’elle a racheté le complexe minier et l’usine de concentration à Maple Minerals en novembre 2012, une grande partie de l’infrastructure était déjà en place. Blue Note Mining, la dernière société à avoir exploité la mine, avait développé la propriété au milieu des années 2000 et exploité le gisement pendant à peine plus d’un an avant d’être contrainte à la mise sous séquestre vers la fin de l’année 2008 en raison du prix trop bas des marchandises. Elle avait extrait environ 500 000 tonnes de matériaux. « Si l’on tient compte du capital important investi dans cet actif, autant pour la mine souterraine que pour l’usine de concentration », déclarait M. Stakiw, « nous en avons tiré un bon prix. »
Le vilain petit canard
Trevali n’était pas entièrement sûre de sa décision lorsqu’elle a acquis la mine Caribou. C’est l’usine de concentration qui a attiré son attention sur la propriété. Début 2011, Trevali a ajouté Stratmat et Halfmile à sa liste de projets, lesquels sont tous deux situés à proximité de Bathurst au Nouveau-Brunswick. Trevali a commencé ses essais d’extraction minière sur le site de Halfmile en 2012, mais la mine ne disposait pas de sa propre installation de traitement. Ainsi, en novembre 2012, la société a acheté le complexe minier et l’usine de concentration Caribou pour une valeur marchande d’environ 24 millions $ à l’époque.
Lorsqu’elle était propriétaire de l’exploitation, Blue Note avait investi environ 100 millions $ dans la remise en état et la modernisation de l’usine de traitement et de l’infrastructure de la mine. La production a commencé en 1970 à la mine à ciel ouvert, alors qu’elle était détenue par la société Anaconda Minerals. La société avait procédé à des aménagements souterrains sur environ 13 kilomètres, développement que M. Stakiw estimait à 50 ou 60 millions $. « Ceci nous a indéniablement facilité la tâche », reconnaissait-il. Depuis l’achat de la mine par Trevali, la société a investi environ 50 millions $ et, à ce jour, a poursuivi les aménagements souterrains sur 3,5 kilomètres.
La mine étant restée inexploitée depuis 2008, les tunnels souterrains existants ont dû être remis en état, travaux que Trevali a commencé en 2014. « De manière générale, 95 % des tunnels étaient en bon état », expliquait Barbara Rose, ingénieure des mines en chef de Caribou. Cependant, certaines parties des tunnels ayant croisé les deux principales lignes de faille dans le corps minéralisé s’étaient affaissées. Ainsi, Trevali a rajouté du béton projeté dans ces tunnels en plus des boulons et du grillage métallique déjà en place. À ce stade, tous les tunnels dont dépend la production ont été remis en état.
Au mois de décembre, Trevali était parvenue à porter la production à environ 2 000 tonnes par jour. Pour la phase de mise en service de la mine, ce sont les entrepreneurs miniers Alex MacIntyre & Associates qui sont en charge des travaux souterrains. « Nous souhaitions éliminer les risques financiers inhérents au projet durant cette phase », expliquait Mark Cruise, président de Trevali. L’exploitation de la mine a commencé avec une main-d’œuvre totalement formée et qualifiée qui possédait son propre parc d’équipement minier, ce qui a permis à Trevali de réduire le capital initial ainsi que les besoins en formation. Une fois que la mine atteindra le stade de production commerciale au cours du premier trimestre 2016, il est prévu qu’elle soit entièrement exploitée par les propriétaires d’ici le début du second semestre 2016. À ce moment-là, Trevali disposera de son propre parc de véhicules, dont cinq bennes à godet et sept camions de transport souterrains de 45 tonnes.
Pour le site de Caribou, Trevali se sert d’une version modifiée de la méthode AVOCA d’exploitation rabattante à longs trous par retrait longitudinal. D’après Mme Rose, les mineurs ont généralement accès aux deux extrémités de l’extraction minière lorsqu’ils emploient la méthode AVOCA, un côté pour l’abattage à l’explosif et le marinage, et l’autre pour le remblai. Cependant, les mineurs de fond à Caribou n’ont pas accès aux deux extrémités, aussi le marinage a lieu du même côté que le forage, l’abattage à l’explosif et le remblai. « Les exploitants précédents utilisaient une méthode AVOCA modifiée, aussi nous avons décidé de poursuivre avec cette méthode d’extraction minière », expliquait Mme Rose. « Il nous faut [du forage au remblayage] entre 30 et 45 jours pour creuser les chambres. »
Broyage fin
Étant donné la nature à grains fins du minerai, Blue Note a installé trois broyeurs IsaMill dans l’installation de broyage de Caribou en 2007. D’après M. Cruise, il s’agit de la première installation dotée de cette technologie en Amérique du Nord.
L’IsaMill est un broyeur agitateur horizontal à grande vitesse et à forte intensité pouvant atteindre jusqu’à 300 kilowattheures par mètre cube (kWh/m3) ; à titre de comparaison, un broyeur à boulets fonctionne généralement à moins de
40 kWh/m3. Ceci permet au broyeur IsaMill de traiter de fines particules à grande capacité. Il est équipé de huit disques revêtus d’une membrane en caoutchouc pour broyer les schlamms de l’alimentation, qui s’écoulent au travers de trous dans les disques. Après avoir traversé les huit disques, le produit broyé atteint un séparateur. Les particules qui ont été réduites à la bonne taille poursuivent leur chemin ; celles qui sont encore trop grosses sont renvoyées dans le circuit d’alimentation pour être rebroyées.
« Ce procédé est indispensable à la métallurgie ainsi que pour augmenter les récupérations étant donné la nature fine des grains du minerai dans le gisement », indiquait M. Stakiw. Dans le domaine des broyeurs de particules ultrafines, la concurrence n’est pas énorme, ajoutait M. Cruise. Il expliquait que « les plus grandes mines de zinc de la planète utilisent des broyeurs [IsaMill]. »
Afin de mieux saisir la technologie, les employés préposés aux broyeurs de Caribou se sont rendus en février dernier à la mine de zinc de McArthur River, en Australie, afin de découvrir les tenants et les aboutissants du broyeur IsaMill dans le cadre de ce que M. Cruise qualifiait de « leçon de maître. » En outre, Glencore, qui est propriétaire de la technologie IsaMill et la commercialise, a pu déléguer un expert technique sur place pour aider Trevali à la phase de mise en service. La société a également embauché un ancien employé de MacArthur River au poste de spécialiste du fonctionnement de l’IsaMill afin d’optimiser l’utilisation des broyeurs agitateurs sur le site de Caribou en termes de taille et d’efficacité du broyage.
La capacité nominale de l’usine de traitement est de 3 000 tonnes par jour. Avec l’autorisation de Trevali Mining
En ce qui concerne l’augmentation de la production, M. Cruise indiquait que tout s’est relativement bien passé. « Nous avons un peu souffert le premier mois, mais c’est souvent le cas jusqu’à ce que l’équipe s’habitue au rythme », expliquait-il. Jusqu’ici, les préposés aux broyeurs avaient besoin de trois broyeurs IsaMill pour broyer le zinc à la bonne taille, mais il n’en a fallu que deux à Trevali pour obtenir le broyage souhaité. « De toute évidence, leur efficacité et rentabilité sont bien supérieures en termes de corps broyants, de consommation énergétique et d’autres facteurs », indiquait M. Cruise. En outre, le troisième broyeur peut servir de broyeur de secours à Caribou durant l’entretien mensuel, ce qui réduit les interruptions de la production.
En plus des broyeurs IsaMill, Trevali a acheté un nouveau broyeur semi-autogène (broyeur SAG) et a rénové les deux broyeurs à boulets pour son usine de traitement, dont la capacité atteint les 3 000 tonnes par jour. Une fois le minerai totalement broyé, il est envoyé dans le circuit de flottation et le concentré est ensuite transporté par camion au nord de Bathurst jusqu’au port de Belledune, au Nouveau-Brunswick. Trevali a signé un accord d’écoulement de la production avec Glencore pour l’intégralité du concentré de zinc et de plomb produit.
Le zinc : prix et production
À l’heure actuelle, il est admis que le zinc est l’une des rares marchandises dont l’avenir s’annonce prometteur. À la mi-janvier, son prix avait baissé d’environ 0,5 $ US/livre par rapport à son prix en avril dernier, qui se situait à 1,1 $ US/livre. Pour expliquer ce déclin, M. Stakiw cite la grande quantité de zinc qui a été stockée ces dernières années. « Nous allons voir nos stocks s’épuiser ; ils sont encore bien fournis, mais se vident assez rapidement », indiquait-il. « De 1 000/2 000 tonnes par jour en début d’année l’an dernier, le taux quotidien de diminution des stocks a atteint 3 000/4 000 tonnes par jour vers la fin de l’année 2015. »
Quelques grandes mines ont également fermé leurs portes, et l’impact de ces fermetures commence à peine à se faire sentir, indiquait M. Stakiw. La mine Century de MMG en Australie, par exemple, a expédié sa dernière cargaison de concentré de zinc à la mi-décembre. Par ailleurs, les compressions de personnel que Glencore a annoncées début octobre impliquent que la société compte réduire environ un tiers de sa production mondiale de zinc, ajoutait-il.
« À compter du premier trimestre 2016, on s’attend à une baisse de la quantité de concentrés normalement livrée aux entrepôts ; les réductions vont donc commencer à augmenter car il ne sera pas possible de réapprovisionner pour rééquilibrer ou compenser ces dernières », indiquait M. Stakiw. Ceci finira par avoir un impact sur le prix.
Perspectives d’emploi
Comme de nombreuses exploitations minières au Canada, Trevali a conclu une entente sur les impacts et les avantages (EIA) avec la collectivité locale des Premières Nations. Dans le cas de Caribou, une EIA a été signée avec neuf Premières Nations Mi’gmag en 2011.
Le principal élément de cette EIA porte sur les perspectives d’embauche d’un maximum de 20 % de la main-d’œuvre auprès des membres de ces Premières Nations. Pour Terry Richardson, directeur des avantages sociaux pour les membres de la communauté Mi’gmag chez Trevali et lui-même membre de l’une des neuf Premières Nations, au-delà de la simple embauche, c’est l’expérience qui finira par porter ses fruits pour les employés issus des Premières Nations à l’avenir. « Certaines personnes faisant carrière dans le secteur minier n’auront plus jamais à chercher un emploi auprès de l’administration locale car elles pourront aller travailler ailleurs pour cette industrie ; c’est une grande victoire pour nous », déclarait M. Richardson.
Pendant qu’elle assure la formation de la main-oeuvre locale, la mine emploie des mineurs sous contrat. Avec l’autorisation de Trevali Mining
Caribou n’a cependant pas encore atteint la barre des 20 %. « Nous tournons autour de 14 à 15 %, mais nous y arrivons », indiquait M. Richardson. Ceci constitue néanmoins un grand pas en avant pour la communauté locale des Premières Nations. Comme le rappelait M. Richardson, lorsque la mine Brunswick de Xstrata Zinc à proximité a fermé ses portes en 2013, aucun des employés travaillant à la mine n’était membre des Premières Nations. « C’est l’ironie du sort, et c’est bien triste, mais au moins nous observons aujourd’hui un engagement plus marqué », indiquait-il.
Afin d’augmenter le nombre d’employés issus des Premières Nations à la mine, Trevali s’est engagée à mener un programme de formation à l’emploi dans le cadre de son EIA en partenariat avec l’initiative sur la participation des autochtones au marché du travail (IPAMT) et le ministère de l’enseignement supérieur du Nouveau-Brunswick. Il s’agit d’un programme de formation à l’exploitation minière souterraine, qui sera proposé par le New Brunswick Community College à Miramichi, ainsi que d’un programme de formation à l’exploitation d’une usine de concentration, proposé par le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick à Bathurst. La formation consiste à enseigner des compétences fondamentales ainsi qu’à dispenser des connaissances en matière de santé et sécurité au travail.
Jusqu’ici, 24 candidats ont suivi le programme de formation sur l’exploitation minière souterraine. Sur ces candidats, M. Richardson estime qu’environ 19 travaillent encore à la mine. « Il y a eu du roulement au niveau du personnel car, de toute évidence, l’exploitation minière n’est pas faite pour tout le monde ; mais si vous prenez [ces chiffres], le maintien de l’effectif avoisine 80 %, ce qui est très satisfaisant. » De même, environ 90 % des personnes qui ont suivi le programme de formation à l’exploitation d’une usine de concentration occupent encore leur poste.
Le processus de dépôt de candidature comprend un entretien avec M. Richardson ainsi qu’une épreuve d’aptitudes pour s’assurer que les candidats possèdent neuf compétences fondamentales pour mener les diverses tâches nécessaires à ce métier, dont la lecture, l’écriture, les mathématiques et la capacité à comprendre des plans.
Le coût du programme, selon M. Richardson, s’élève à environ 6 000 $ par candidat, et il est couvert en majeure partie par la province. Trevali fournit les salles de formation sur place pour le programme.
Globalement, M. Richardson considère la relation de Trevali avec la communauté voisine comme un grand accomplissement. « Le succès que nous avons eu avec notre EIA est un sujet dont nous nous vantons au sein de nos nations Mi’gmag », déclarait-il. « Nous avons commencé à dire qu’il s’agit d’un parfait exemple de la façon dont une société minière peut s’intégrer et collaborer avec les Premières Nations et ce, au profit de tous, de la société, de la Première Nation et de la communauté. »