Orla Mining a l’intention de produire 90 000 à 100 000 onces d’or par an à sa mine de Camino Rojo au Mexique, en gardant des coûts nécessaires au maintien de la production inférieurs à 700 dollars américains. Avec l’aimable autorisation de Chris Monette/Orla

La première coulée d’or est un événement important pour toute société d’exploitation aurifère. Elle est d’autant plus mémorable lorsqu’elle se produit durant une pandémie.

Trois lingots de doré ont été coulés le 13 décembre 2021 à la mine d’or de Camino Rojo, située dans l’État mexicain nord-centre de Zacatecas. Jason Simpson, président et chef de la direction d’Orla Mining, prend enfin le temps de savourer cet accomplissement. Il s’est joint au reste de l’équipe pour célébrer ce tournant dans le traditionnel style mexicain, en dégustant une « carne asada, une viande marinée et grillée, accompagnée d’un verre ».

« Tout ceci était très nouveau pour nous. Nous avons dû fêter notre réussite avec un masque et en gardant nos distances », déclarait M. Simpson. Si les groupes étaient divisés en « bulles » pendant la fête qui s’est tenue à l'extérieur, M. Simpson s’est adressé à toutes les parties présentes. Il a particulièrement remercié les équipes mexicaines sur le terrain, dirigées par le directeur général Sergio Saenz, d’avoir obtenu les permis nécessaires pour mener à bien le projet, et d’avoir exécuté la construction et la production dans le respect des délais et du budget, le tout dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

La coulée d’or a eu lieu à peine un an après le début de la construction à la mine d’oxyde d’or de 134 millions de dollars américains, et environ quatre ans et demi après le rachat par Orla Mining du projet à Goldcorp.

La première coulée d’or a eu lieu le 13 décembre 2021. Avec l’aimable autorisation de Chris Monette/Orla Mining

« Il a fallu abattre beaucoup de travail pour terminer le projet », indiquait M. Simpson, qui est devenu fin 2018 chef de la direction de la société basée à Vancouver, après avoir aidé à développer le projet de Morelos Gold au Mexique alors qu’il était directeur de l’exploitation à Torex Gold. « Même si nous n’avons pas laissé paraître les difficultés, nous avons travaillé dur pour parvenir à ce résultat. »

Traditionnelle, en surface

Telle qu’elle est configurée présentement, Camino Rojo est une exploitation à ciel ouvert traditionnelle.

D’après une étude de faisabilité réalisée en 2021, la durée de vie du projet est estimée à 10,4 ans. Sa production annuelle moyenne est estimée à 94 000 onces d’or (environ 2,7 tonnes) et à 597 000 onces d’argent (environ 16,9 tonnes) sur cette période. Les coûts nécessaires au maintien de la production prévus pour la mine sont de 543 dollars américains par once, en grande partie attribuables au faible coefficient de recouvrement (rapport stérile/minerai de 0,92). Fin février, Orla annonçait ses premières prévisions de l’année concernant la production d’or à la mine d’oxyde de Camino Rojo, qui devrait atteindre 90 000 à 100 000 onces (entre 2,55 et 2,85 tonnes). Les coûts nécessaires au maintien de la production du deuxième au quatrième trimestre 2022 ne devraient pas dépasser 600 à 700 dollars américains par once d’or vendue.

Le projet d’oxyde d’or de Camino Rojo affiche des réserves prouvées et probables de 1,6 million d’onces (environ 45,4 tonnes), à partir de 67 millions de tonnes à une teneur de 0,73 gramme par tonne. La mine emploie environ 300 personnes et fonctionne 24 heures sur 24. Son parc est équipé de deux excavateurs PC1250 de Komatsu, une grosse chargeuse sur pneus Caterpillar de la série 993K et une de la série 992 qui alimentent les tombereaux de chantier Caterpillar de modèle 777G dans la fosse. Les tombereaux amènent le minerai à moins d’un kilomètre de l’usine de broyage, dont la capacité de débit est de 18 000 tonnes par jour. Un broyeur primaire Terex et des broyeurs secondaires pulvérisent le minerai à 80 % pour obtenir un tamisat de 28 millimètres. Ce dernier est ensuite transporté via un système de courroies de transport fixes et mobiles Dimisa, puis empilé sur une plateforme de lixiviation en tas. « Nous avons commencé par une couche de cinq mètres afin d’optimiser les récupérations et les taux d’empilage, et [pour] former notre personnel », indiquait M. Saenz. « Pour le niveau suivant, la couche atteindra 10 mètres. »

Les travailleurs de  l’affinerie. Avec l’aimable autorisation de Chris Monette/Orla Mining

Ici, le minerai est irrigué par une solution au cyanure et la liqueur mère passe par une usine Merrill-Crowe où le métal est récupéré. De là, la boue du métal précieux est envoyée à l’affinerie. Elle y est filtrée et séchée dans une cornue pour traiter le mercure, puis soumise à l’extraction par fusion pour obtenir le doré. « C’est une association d’or et d’argent que l’on envoie à l’affinerie pour l’affinage final », expliquait M. Saenz. L’étude de faisabilité de 2021 prévoit des récupérations d’or de 62 % et d’argent d’environ 20 %.

Actuellement, Orla travaille à la mise en service de son exploitation à ciel ouvert et devrait parvenir à la phase de production commerciale au cours du premier trimestre 2022.

Mais en creusant un peu plus, et notamment dans le gisement sulfuré d’or, d’argent, de plomb et de zinc de la pente sud-est du projet, en dessous de la mine d’oxyde d’or actuelle, Camino Rojo devient plus complexe.

Les ressources mesurées et indiquées de la propriété de Camino Rojo s’élèvent à 9,5 millions d’onces d’or (environ 269,3 tonnes) obtenues à partir de 353,4 millions de tonnes à une teneur de 0,83 gramme par tonne. Orla Mining passera les années à venir à déterminer si, quand et comment elle doit exploiter ce gisement sulfuré, en fonction de considérations qui remontent à l’achat de la propriété par la société.


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De l’or sur le bord de la route rouge

Camino Rojo a été découverte relativement récemment, en 2007, par un géologue de Canplats Resources Corp.

« L’histoire raconte qu’un géologue conduisait le long d’un chemin de graviers. Il s’est arrêté, a prélevé des échantillons ponctuels du matériau sur la route et a déterminé qu’il contenait des teneurs anormales en or », indiquait M. Simpson.

En cherchant d’où provenait le matériau, le géologue a découvert la gravière ayant servi à construire la route. « La route rouge (plus tard rebaptisée Camino Rojo) commençait à cette gravière », indiquait M. Simpson, et cette même gravière est le bassin de la mine aujourd’hui. « Lorsqu’il a trouvé cette fosse d’agrégats, il a déterminé qu’à quelques mètres sous les morts-terrains se trouvait une assise rocheuse qui contenait de l’or. »

La mine est désormais en service, mais l’exploration se poursuit. Orla prévoit d’investir plus de 10 millions de dollars américains en 2022 pour poursuivre l’exploration à Camino Rojo. Avec l’aimable autorisation de Chris Monette/Orla Mining

Goldcorp a fini par acheter Canplats et la propriété en 2010, après avoir construit la mine Peñasquito, une grande exploitation aurifère au Mexique, à 50 kilomètres au nord-ouest. Goldcorp a passé les sept années suivantes à définir les réserves en oxyde d’or et à forer afin de mieux comprendre le gisement sulfuré plus grand situé sous la propriété.

En 2017, Orla Mining (formée deux ans auparavant et en phase d’exploration de sa propriété d’oxyde d’or de Cerro Querma au Panama) a racheté le projet à Goldcorp dans le cadre du « processus de rationalisation des actifs » de la grande société minière, et s’est rapidement mise au travail pour le développer.

Lorsque Goldcorp (aujourd’hui Newmont) a vendu le projet à Orla, elle a toutefois préservé une participation dans la mine de Camino Rojo, notamment une option possible pour avoir une participation majeure dans la mine de sulfure en fonction de la façon dont Orla décidait de l’exploiter. Aujourd’hui, Newmont est un actionnaire détenant 16,6 % d’Orla Mining. Elle détient aussi 2 % des redevances calculées à la sortie de la fonderie sur Camino Rojo (elle a vendu ses redevances pour le projet d’oxyde d’or mais maintient ses redevances pour le projet de gisement sulfuré potentiel).

Un géologue a découvert de l’or alors qu’il prélevait des échantillons sur un chemin de graviers menant à la gravière. Avec l’aimable autorisation de Chris Monette/Orla Mining

Newmont détient également un accord officiel lui permettant de reprendre la main dans ce projet de gisement sulfuré. Étant donné que le minerai de ce gisement requiert une concentration et un traitement supérieurs pour récupérer l’or contenu dans les roches, Orla devra construire un concentrateur.

M. Simpson et son équipe ont donc plusieurs options. S’ils décident d’adopter une approche à ciel ouvert, Orla pourra transporter le minerai vers les unités de traitement de Peñasquito de Newmont. Dans ce cas, Newmont obtiendrait une participation de 70 % dans ce projet de gisement sulfuré, en prenant donc le contrôle, et Orla garderait une participation de 30 %. Un autre cas de figure existe. Newmont pourrait obtenir une participation majoritaire de 60 % dans ce projet de gisement sulfuré si Orla définit des réserves minérales prouvées et probables de plus de 500 millions de tonnes.

Que préfère M. Simpson ? « Peu importe l’option qui l’emporte, à partir du moment où elle sert au mieux les intérêts des actionnaires d’Orla », indiquait-il. « Si nous construisons notre propre usine, nous conserverons 100 % de la valeur », précisait M. Simpson, à partir du moment où les réserves du projet ne dépassent pas 500 millions de tonnes. « Si nous décidons de traiter le minerai à Peñasquito, nous devrons partager cette valeur avec notre plus gros actionnaire, Newmont. »

Pour compliquer les choses, la mine se trouve à l’extrémité nord de la propriété d’Orla. D’après les dimensions de l’exploitation à ciel ouvert nécessaires pour accéder au gisement d’oxyde d’or, Orla a dû négocier un accord définitif à signer avec son voisin, la société minière mexicaine Fresnillo, afin de pouvoir construire une partie de sa fosse dans la propriété de ce dernier (Orla a récemment effectué un paiement de 25 millions de dollars américains à Fresnillo pour obtenir l’accès à la fosse et s’attend à payer 62,8 millions de dollars américains au total).

Si Orla décide d’exploiter son gisement sulfuré avec une exploitation à ciel ouvert, elle devra négocier un nouvel accord avec Fresnillo pour élargir les frontières de la fosse. « Pour les angles des parois de la mine, nous devrons nous étendre davantage dans leur terrain que pour la mine d’oxyde d’or », indiquait M. Simpson.

Prendre les mesures qui s’imposent

En attendant de décider que faire avec son gisement sulfuré, Orla Mining continuera à s’intéresser aux gisements d’oxyde proches de la surface à proximité de la mine actuelle, qu’elle pourrait utiliser pour prolonger la durée de vie de l’exploitation. La société investira environ 15 millions de dollars américains dans l’exploration de ses propriétés de Panama et du Mexique cette année, dont les deux tiers dans la mine de Camino Rojo.

Orla consacrera une partie de ce budget aux nouvelles cibles que ses géologues ont identifiées sur la propriété de 163 000 hectares de Camino Rojo, indiquait M. Simpson. « Nous avons 10 millions d’onces sur moins de 2 % de ce vaste ensemble de terres. »

Camino Rojo affiche des réserves prouvées et probables de 1,6 million d’onces à partir de 67 millions de tonnes à une teneur de 0,73 gramme par tonne. Avec l’aimable autorisation de Chris Monette/Orla Mining

L’accord de concession de 30 ans de la société pour le projet de Camino Rojo s’étend jusqu’en 2043. Orla Mining a un accord relatif aux éjidos concernant la propriété. Au Mexique, un éjido est une communauté rurale où la propriété est collective. Ces terres appartenant à l’État sont laissées en usufruit à de petits paysans qui les exploitent à des fins d’agriculture. Les sociétés minières doivent obtenir le consentement des propriétaires locaux pour obtenir des droits (mais pas la propriété) sur ces terres.

La participation des locaux est indispensable pour développer une activité à long terme à Zacatecas, expliquait M. Saenz. « C’est une chance pour nous que Zacatecas a une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine de l’exploitation minière. C’est une industrie importante ici. Nous sommes très proches de certaines petites communautés et y puisons une grande partie de notre main-d’œuvre », ajoutait-il. « Ils rentrent chez eux le soir, ce qui est idéal. »

À l’heure actuelle, 56 % de la main-d’œuvre est locale, et environ 78 % est originaire de l’État de Zacatecas, indiquait M. Saenz. « Quant au reste de notre main-d’œuvre, il s’agit de Mexicains dont certains travaillent sur des postes en roulement de 14 et 7 [jours] ».

La mine d’oxyde d’or de Camino Rojo était une première manœuvre évidente pour Orla Mining, expliquait M. Simpson, en raison de son faible coefficient de recouvrement, de ses faibles coûts d’investissement, de ses méthodes d’exploitation minière et de traitement éprouvées et de l’accès à des employés, des entrepreneurs, des fournisseurs et des services à Zacatecas. « L’or était pratiquement accessible en surface, nous n’avions pas de montagnes à déplacer, la construction était peu complexe », ajoutait-il.

« Tous ces éléments se sont réunis pour nous convaincre que, stratégiquement parlant, la mine d’oxyde constituait une première étape intéressante pour Orla », indiquait M. Simpson, ajoutant que Camino Rojo avait prouvé au marché qu’Orla était capable de construire et d’exploiter des mines.

« Mais ce n’est qu’une première étape. »

Traduit par Karen Rolland