Trigon Metals ne s’est pas contentée de remettre la mine de Kombat en service en 2021. Elle a investi 10 millions de dollars dans la modernisation de l’usine de traitement existante. Avec l’aimable autorisation de Trigon Metals
Le complexe minier de Kombat dans la chaîne de montagnes d’Otavi, en Namibie, a le même nom que la petite ville construite en 1900 à proximité de la mine pour loger ses employés. À l’époque, les premiers propriétaires de la mine souhaitaient tirer profit des gisements riches en cuivre de la région et de l’abondance de l’eau souterraine. La mine et la ville ont survécu pendant des générations, jusqu’à une journée fatidique de décembre 2007 quand une catastrophe a frappé.
Weatherly International, propriétaire de la mine à l’époque, avait construit un puits d’exploration et de production de 800 mètres pour accéder au cuivre à haute teneur de la mine dans une zone située à l’ouest de la mine principale. Deux pannes d’électricité d’une heure ont interrompu les pompes à eau, censées fonctionner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour contrôler l’eau souterraine. Le puits a été inondé, suivi de la mine principale. Une année plus tard, dépassée par les coûts de reconstruction du puits et le déclin des prix du cuivre, Weatherly a abandonné le projet de développement et la mine principale de Kombat qui inclut deux autres puits, puis a placé la mine en mode de soins et maintenance. Les revenus des habitants de la ville de Kombat ayant disparu, la communauté a sombré dans la pauvreté.
Une société canadienne espère aujourd’hui donner un nouveau souffle à la mine et la ville. En octobre 2021, Trigon Metals, une société basée à Toronto, a remis la mine en service en adoptant une approche progressive qui, elle l’espère, transformera le projet en un producteur important de cuivre employant jusqu’à 1 000 employés, dont de nombreux habitants de la région de Kombat.
Le projet de Kombat de Trigon comprend cinq zones de permis d’exploitation minière et de prospection couvrant plus de 7 500 hectares et une infrastructure utilisable de plus de 100 millions de dollars américains installée par les précédents propriétaires, notamment une usine de traitement, des chantiers souterrains considérables, un parc à résidus miniers, des systèmes de descenderie et plusieurs bâtiments miniers. Trois de ces permis concernent le projet de Kombat situé dans une vallée de 40 kilomètres de large dans la chaîne de montagnes d’Otavi, entre les villes d’Otavi à l’ouest et de Grootfontein à l’est. Cette région possède sept zones de minéralisation distinctes connues, notamment Kombat Ouest, Kombat Centre, Kombat Est et E900. Ensemble, ces zones couvrent 1 219 hectares qui affichent des ressources minérales indiquées de 12,22 millions de tonnes à une teneur de 1,94% de cuivre, 0,7% de plomb et 13.67 grammes par tonne d'argent ainsi que des ressources présumées de 1,91 million de tonnes à teneur de 2,19% de cuivre, 1,79% de plomb et 6,13 grammes par tonne d'argent.
Les deux autres permis concernent des zones minéralisées couvrant plus de 6 000 hectares à proximité de Kombat, qui représentent un prolongement possible de la longueur du gisement. « Kombat se trouve au milieu », déclarait Fannie Müller, vice-présidente des opérations de Trigon. « Il existe donc plus de 40 kilomètres de longueur potentielle du gisement non explorée adjacente à la mine de Kombat. »
En outre, Trigon détient une participation dans deux permis de prospection exclusifs pour une zone située à environ 200 kilomètres de Kombat, dans le nord-ouest de la Namibie.
Nouveau départ pour la mine de Kombat - Première étape
« Nous avons tenté de trouver la manière la plus responsable et la plus simple d’amener la mine jusqu’à la phase de production », indiquait Mme Müller. Pour ce faire, la société a mené plusieurs études conceptuelles ainsi qu’une étude de faisabilité. Sur la base de ces études, Trigon a décidé que la voie à suivre consistait à redémarrer les activités à la mine en procédant à l’extraction des zones de Kombat Est et Kombat Centre, car elles se prêtent bien à une exploitation à ciel ouvert peu profonde, avec une profondeur maximale de 60 mètres.
« C’est une approche plus simple, plus rapide et moins coûteuse que de commencer en souterrain. Elle nous permet par ailleurs d’utiliser une partie des revenus de l’exploitation à ciel ouvert pour rouvrir la mine souterraine », ajoutait Mme Müller.
Trigon a commencé l’exploitation à ciel ouvert et la constitution de piles de stockage avec le minerai de surface de Kombat (dont la teneur en cuivre varie entre 1 et 1,2 %) en octobre 2021, ce qui lui a permis de se concentrer sur la remise à neuf des opérations de traitement de la mine. Inexploitée pendant plus d’une décennie, l’usine avait besoin d’une réfection. Les anciennes cellules de flottation étaient rouillées, il n’était donc pas question de les laisser telles quelles. Quant à l’ancien concasseur primaire de fabrication allemande, il fonctionnait toujours, mais les pièces de rechange n’existaient plus. Ainsi, Trigon a dû opter pour le remplacement du concasseur.
Tous les nouveaux équipements de l’usine ont été fabriqués par la société chinoise Yantai Xinhai Industry. Le coût total de cette réfection s’élevait à 10 millions de dollars, dont la majeure partie couvrait les coûts de main-d’œuvre. « En termes de coût, cela représente sans doute moins de 40 % du prix que l’on aurait payé pour le même genre d’équipement en provenance d’Afrique du Sud, à la frontière de la Namibie », déclarait Mme Müller. « La qualité de l’équipement est exceptionnelle. »
les nouveaux équipements de l’usine ont été fabriqués par la société chinoise Yantai Xinhai Industry. Avec l’aimable autorisation de Trigon Metals
En décembre 2021, Trigon avait terminé la remise à neuf de l’usine de Kombat et a produit le premier concentré de cuivre de la mine en 14 ans. Deux mois plus tard, la société annonçait l’expédition de sa première cargaison, qui comprenait 31 tonnes métriques sèches de concentré, affichant une teneur de 20,41 % de cuivre et 265 grammes par tonne d’argent.
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Deuxième étape
La deuxième étape du projet consiste à dénoyer la mine souterraine principale de Kombat, que Trigon espère finaliser en 2023. Elle impliquera également le développement de l’exploitation minière dans sa zone de minéralisation E900.
« Les mineurs qui ont extrait le minerai de Kombat dans les années 1960 et 1970 considéraient le cuivre d’une teneur de 3 % comme un déchet. Pour nous, ce pourcentage constitue une haute teneur », indiquait Mme Müller. « Beaucoup de cuivre n’a pas été récupéré. »
Le 28 février 2022, Trigon a expédié sa première cargaison de concentré de cuivre de Kombat. Cette cargaison (en photo ci-dessus) comprenait 31 tonnes métriques sèches de concentré, affichant une teneur de 20,41 % de cuivre et 265 g/t d’argent. Avec l’aimable autorisation de Trigon Metals
Concernant le risque d’une autre inondation, Jed Richardson, président et directeur général de Trigon, est d’avis que l’inondation de 2007 était le fruit d’erreurs et aurait pu être évitée. « Personnellement, je pense que l’incident a été mal géré », indiquait-il. « Les pompes étaient obsolètes, elles avaient été installées dans les années 1960 et fonctionnaient à l’époque par étapes. Dans la partie inférieure de la mine, l’eau était aspirée vers un niveau intermédiaire puis une autre [unité] l’aspirait jusqu’à la surface. Aujourd’hui, on placerait une unité à la surface qui aspirerait l’eau depuis le fond de la mine jusqu’à la surface. On disposerait d’une capacité de pompage supplémentaire et d’une unité de production d’électricité de secours. En d’autres termes, la gestion serait meilleure. »
Une fois la deuxième étape achevée, Kombat augmentera sa production prévue pour 2022 d’environ 8 millions de livres (l’équivalent de 3 629 tonnes) de concentré de cuivre à plus de 30 millions de livres (environ 13 608 tonnes) par an en 2024.
Potentiel futur
Trigon mettra ensuite l’accent sur la reprise des activités là où Weatherly a abandonné, en dénoyant le puits au destin tragique et en reprenant l’exploration de la minéralisation profonde, qui se situe entre 500 et 800 mètres en dessous de la surface.
« Toute l’infrastructure existe. Tout fonctionne. Il ne nous reste qu’à dénoyer », expliquait M. Richardson. Selon lui, le dénoyage coûtera environ un million de dollars et prendra un mois et demi.
« Ce puits se trouve dans une zone qui ne fait pas partie des ressources annoncées dans notre NI 43-101 », indiquait M. Richardson. « Lorsque [Weatherly] a noyé le puits, elle prévoyait de forer sous terre pour compléter les ressources. Nous retournerons sous terre, extrairons les ressources puis les intégrerons dans notre plan de mine. »
La société explorera également les 6 000 hectares de longueur potentielle du gisement adjacente à la mine de Kombat, dont la partie ouest est proche du puits.
« La mine principale affiche une moyenne de 2,6 % de cuivre, mais cette zone dépasse largement les 3 % de cuivre. Ceci pourrait nous permettre de passer de 30 millions à 76 millions de tonnes par an », expliquait M. Richardson. « Nous examinerons systématiquement ces cibles et chercherons à développer davantage de ressources. Même au-delà de ce que nous envisageons, nous devons saisir l’occasion de faire de cette mine une exploitation encore plus grande, où plusieurs mines à ciel ouvert et plusieurs chevalements alimenteront un concentrateur central pour obtenir un produit de grande valeur, digne d’une grande société d’exploitation cuprifère. »
Irriguer l’avenir
Si l’eau a indéniablement posé le plus grand problème pour la mine, il s’agit également d’une ressource précieuse dans un pays désertique comme la Namibie. Trigon a conclu une entente avec le service public d’eau du gouvernement namibien pour aspirer l’eau de l’un de ses puits dans la mine principale et la déverser dans des bassins de décantation de Kombat, puis dans le réservoir du service public d’eau à des fins de distribution. À mesure que le projet se développe sous terre, l’eau sera plus abondante.
Trigon y a vu une occasion d’aider les habitants de la ville sur les court et long termes. Elle a créé un jardin potager de quatre hectares qui emploie des femmes de la communauté. Une partie des récoltes est distribuée aux habitants de la ville. Le reste est vendu aux restaurants servant les nombreux adeptes du tourisme écologique visitant chaque année la Namibie pour ses réserves de chasse et ses parcs nationaux en quête de faune sauvage, dont les dépenses permettent de payer les salaires des femmes employées.
L’eau aspirée de la mine sert à irriguer les terres agricoles et à les cultiver. Cela crée des emplois agricoles et des cultures de grande qualité vendues aux restaurants. Avec l’aimable autorisation de Trigon Metals
« L’idée à plus long terme derrière ce potager était de promouvoir la durabilité dans la vallée pour l’avenir », expliquait M. Richardson. « Même si j’ai des projets sur le très long terme, cette mine devra de nouveau, comme toutes les autres mines, fermer ses portes un jour. »
Au cours des quatre années à venir, la société prévoit de collaborer avec la ville pour développer ce jardin potager. « Nous collaborons avec un conseiller régional qui fait venir des groupes agricoles afin qu’ils déterminent ce qui peut être cultivé dans la vallée. Notre potager est une preuve tangible que l’on peut cultiver », ajoutait-il. « Ainsi, lorsque la mine de Kombat fermera ses portes, la ville ne deviendra pas une ville fantôme. »
L’emploi à la mine et les possibilités professionnelles ne cessent de croître. Ainsi, Kombat se forge une réputation non seulement pour ses ressources en cuivre, mais également pour ses fruits et légumes, notamment sa récolte hivernale d’oignons.
« Apparemment, le sol se prête très bien à la culture d’oignons », indiquait M. Richardson. « Si vous êtes en Namibie et que vous goûtez de bons oignons, il est fort probable qu’ils viennent de Kombat. »